Un audacieux spectacle, à voir de toute urgence au théâtre de La Reine Blanche, il se termine le 22 avril 2018 : L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine. Un titre alléchant à tous égards, dont on aura l’explication à la fin de la représentation.
Adaptée du livre éponyme (Prix Procope des Lumières en 2012) de Ruwen Ogien, malheureusement décédé en 2017, philosophe, Directeur de recherches au CNRS et notamment initiateur de « l’éthique minimale », la pièce nous confronte à des dilemmes, plus dérangeants les uns que les autres.
Sur scène, deux personnages racontent de petites histoires qui leur posent toutes un problème moral tel, qu’ils sollicitent l’avis du public.
La pièce débute ainsi : trois hommes et un chien sont dans une barque. Pour survivre il faut délester la barque. Tout le monde, sans état d’âme, est d’accord pour jeter le chien à l’eau. Mais si on ajoute que les trois hommes sont d’anciens nazis et que le chien a sauvé des résistants, l’unanimité se lézarde et le malaise s’installe. Que décider ? Les réponses du public sont parfois surprenantes…
Nous n’en dirons pas plus, le spectacle est tellement jouissif que ce serait dommage d’en dévoiler davantage !
L’adaptation du texte philosophique par Hervé Dubourjal est très réussie, claire, jamais verbeuse ni ennuyeuse, tout aussi limpide que la mise en scène qu’il co-signe avec Eric Bu. Pendant 1h 25, il est question de donner la mort, de la valeur d’une vie, de transplantations très complexes d’organes, d’inceste consenti, de casse-têtes moraux insolubles et pourtant le public, très actif, rit beaucoup. Le ton, savoureusement léger, drolatique, n’est jamais dramatique, situations graves et cas de conscience sont évoqués avec une bonne humeur réjouissante .
La scénographie de Jean-Marc Toussaint, qui entremêle dessins et animations, judicieusement présentés sur des tableaux de conférenciers, ainsi que des poses musicales régulières, insufflent à la représentation une dynamique très efficace tout en apportant aux spectateurs les respirations nécessaires entre les accumulations d’impasses morales, auxquelles ils sont confrontés.
Les deux comédiens, Hervé Dubourjal et Jean-Louis Cassarino, sont sympathiques, drôles et brillants, ils gèrent avec brio des échanges, parfois déconcertants, avec le public, qui les obligent d’ailleurs à improviser… avec quel talent !
Un beau spectacle, intelligent, optimiste et plein d’humour, à voir absolument.
Pour s’informer et réserver : le site du Théâtre de La Reine Blanche
- L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine